ÉDITORIAL — Refusons la mort de nos trésoreries

Éditorial


Le Département de la Loire-Atlantique s’apprête à connaître dans les jours à venir une nouvelle réduction de ses services publics, avec la fermeture annoncée des trésoreries de Bouaye, de Derval et de Saint-Brevin-les-Pins. Depuis 2000, ce sont ainsi pas moins d’une vingtaine de trésoreries qui ont fermé, dont celle d’Aigrefeuille-sur-Maine et de Montoir-de-Bretagne. Le mouvement s’accélère en Loire-Atlantique, avec, depuis 2010, deux cents quarante suppressions d’emplois.

La situation est particulièrement problématique sur le site de Derval, lequel emploie actuellement six agents, dans un territoire excentré de tout et, à ce titre, fragilisé à la base par rapport à la métropole nantaise. Sa fermeture étant décidée, l’activité de l’actuelle trésorerie serait répartie entre celles de Nort-sur-Erdre et de Châteaubriant. Quant à l’activité de la trésorerie de Bouaye, elle serait versée sur les sites de Vertou et de Pornic, et celle de Saint-Brevin, directement à la Paierie départementale de Nantes… à soixante kilomètres, laquelle s’occupe d’ores et déjà du secteur médico-social, tout en étant susceptible de plus en plus centraliser à l’avenir.

À horizon 2023, si ces fermetures de sites étaient maintenues, ce sont ainsi quatre cents emplois qui seraient supprimés dans le Trésor public. Ce mouvement de fond ne limite naturellement pas au seul département de la Loire-Atlantique. De la même manière, l’Ille-et-Vilaine voisine connaît un phénomène identique, avec la fermeture imminente de la trésorerie de Châteauneuf, dont les activités vont partir pour Saint-Malo, idem pour celle de Janzé (transférée vers Retiers). Quant à la trésorerie d’Antrain, son sort semble incertain, puisque son activité « impôts » s’apprête à partir à Fougères, sous-préfecture.

C’est un même mouvement de mort dans les Pays de la Loire, qui affecte depuis ces derniers mois nos trésoreries rurales, de Pré-en-Pail, à Maillezais, de Ponts-de-Cé à Cossé-le-Vivien, en passant par Candé. La chose est identique en Bretagne, avec les fermetures prévues de la trésorerie d’Allaire (rapatriée vers Redon), Guéméné-sur-Scorff, Guer, La Gacilly, Binic-Étables, Corlay, Matignon. Le drame se niche jusque dans les détails : extinction lente des sites de Malestroit et Lamballe, par le transfert de l’activité « impôts » à Ploërmel et Saint-Brien, et plus sinistre, fermeture des sites de Bégard et Plouaret… malgré l’action, en 2016, des élus locaux et syndicats. Au reste, ceux-ci demeurent coupables d’avoir appelé à voter Emmanuel Macron quelques mois plus tard, validant ainsi implicitement la fermeture de ces sites, décidée en amont et au sommet, dans le cadre des grandes orientations de politique économiques (GOPE).

Bien qu’élu sous le signe du « nouveau monde », le président de la République, Emmanuel Macron, semble méthodiquement s’appliquer à reprendre les recettes de l’ancien monde, à savoir pénaliser en priorité les plus fragiles de nos compatriotes, pour contenter son noyau électoral, celui des classes moyennes supérieures et urbaines, non prioritairement concernées par la « réforme » (mais en réalité, destruction) des services publics actuellement à l’œuvre. Son gouvernement met finalement en œuvre des politiques purement comptables, sans souci des usagers et des territoires.

Pour tenter de calmer le jeu, les Finances publiques annoncent certes la mise en place de permanences à des « moments-clefs » dans les communes concernées par ces fermetures de trésoreries, en période de déclaration de revenus par exemple. Pour autant, elles ne sauraient évidemment remplacer la présence d’un service public de proximité, tel que le réclament légitimement une majorité de Français.

Cette dynamique de mort de nos services publics dans l’Ouest concerne tant nos trésoreries que nos postes, nos gares, et peut-être demain, nos tribunaux, avec l’annonce potentiel transfert à Nantes des activités du TGI de Saint-Nazaire. Il est donc nécessaire que soit mis en place un moratoire, relativement à la fermeture annoncée des sites de Bouaye, Derval et Saint-Brevin : refusons la fermeture de nos trésoreries rurales !

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