J’ai répondu à l’Union française de l’électricité

Saint-Nazaire, le 6 juin 2017

Madame,

J’ai pris connaissance de votre message du 30 mai dernier, relatif aux propositions de l’Union française de l’électricité (UFE) dans le cadre de la campagne législative.

Je sais tout l’intérêt que votre union porte à ce que demeure l’excellence française concernant les questions énergétiques en général et d’approvisionnement en électricité en particulier. La phase de transition énergétique et écologique que doit impérativement et rapidement engager la civilisation française dans le siècle qui vient aura naturellement besoin d’une expertise large et collective : administration, mais aussi entreprises, écologues, associations et particuliers. Cette expertise nécessaire, l’UFE y concourt indéniablement.

Vous m’avez adressé différentes analyses et propositions, lesquelles, d’ailleurs, débordent largement le thème de l’approvisionnement électrique, et renvoient en fait au modèle de transition énergétique auquel vous appelez notre pays à prendre part. J’en reprendrais certaines dans mes engagements de campagne. D’autres me sont plus étrangères.

Comme vous, je veux permettre à la France de lancer une politique industrielle massive de transferts d’usages d’énergies carbonées vers des usages à base d’énergies non émettrices de dioxyde de carbone.

Je souhaite valoriser la complémentarité des sources d’électricité décarbonées (énergies non renouvelables, nucléaire, chaleur renouvelable, biogaz). J’ai toutefois une réserve sur l’éolien. Je nuance bien sûr : l’éolien terrestre, qui me semble le plus nocif et le moins efficace, n’est pas l’éolien en mer, plus acceptable.

Je suis cependant sceptique sur le fait de donner un prix aux émissions de dioxyde de carbone, même s’il s’agit, je le comprend bien, que nous soyons tous collectivement moins émetteurs de gaz à effets de serre. En effet, une telle mesure pèserait inévitablement avant tout sur les catégories populaires, exactement comme ce que le gouvernement entreprend ces dernières années, maladroitement, concernant la pénalisation du diesel.

Avec vous, je veux évidemment encourager la transition énergétique, sans cependant que soit mise en jeu tant la compétitivité économique de la France que la sécurité de notre approvisionnement. Sur ce dernier point, je défend localement depuis plus d’un an le maintien de la centrale thermique de Cordemais, en Loire-Atlantique, dont je sais bien que la fermeture, inévitablement, précariserait notre approvisionnement dans l’Ouest de la France.

Toutefois, comme vous le soulignez, l’accomplissement d’une telle transition par notre pays, dans les décennies qui viennent, ne peut pleinement se faire que par un accompagnement par l’État de nos filières industrielles d’excellence dans les secteur énergétique et des efforts de financements plus importants en recherche et développement.

À votre inverse, je ne crois pas cependant que le Parlement européen soit la tribune idéale pour que la France défende sa souveraineté et ses intérêts énergétiques. C’est à l’Assemblée nationale que ces mêmes intérêts peuvent être défendus, à la condition que la France redevienne souveraine dans l’écriture de ses lois, plutôt que de retranscrire abruptement en droit national des directives lui étant imposées par l’Union européenne. L’UFE, me semble-t-il, fait une erreur en voyant dans l’Europe une tribune pour les intérêts énergétiques de la France. Une implication plus forte de nos députés européens ne changerait rien à un système qui, sur le plan de la transition énergétique y compris, ne peut manifestement pas défendre dans le même temps la divergence des intérêts propres à chacune des vingt-huit parties le composant, mais avant tout celui de son élément moteur : c’est-à-dire, les intérêts énergétiques de l’Allemagne.

Je vous prie, Madame, d’agréer mes salutations distinguées.

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