ÉDITORIAL — Une double crise écologique


Le contexte actuel est celui d’une crise écologique planétaire. Ce contexte est de plus en plus celui d’une double crise biotique et énergétique. Sans bien sûr nier les conséquences de facteurs naturels, non anthropiques, le consensus scientifique établit clairement la responsabilité majoritairement humaine dans ces deux crises, fruits d’un siècle et demi d’industrialisation, et d’un quadruplement de la population mondiale en ce laps de temps, l’Humanité passant de deux milliards à sept milliards d’habitants entre 1900 et 2013, comme le rappelle ce tableau.

Population mondiale

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Ces deux crises entremêlées, qui n’en font finalement qu’une, désignent tant l’effondrement croissant de la biodiversité — soit la diversité d’espèces et des formes du Vivant — qu’un usage expansif des énergies dites « fossiles » (charbon, pétrole…) devant aboutir durant le XXIe siècle à un épuisement de ces ressources.

De cette crise biotique, résultent les perturbations en chaîne des écosystèmes océaniques et terrestres, par l’affectation des interdépendances initiales, voire la perspective d’une nouvelle extinction massive semblable en intensité aux extinctions crétacée-tertiaire (- 65 millions d’années) et permo-triassique (- 249 millions d’années), celle-ci pouvant dès lors pour la première fois être occasionnée par l’influence sur son milieu d’une espèce : l’homme.

Quant à la crise de l’énergie, conséquence de la fin de l’exploitation des fossiles, elle questionne la possibilité à court terme pour les civilisations humaines du maintien à un même rythme de leur développement économique et démographique, telles qu’elles le connaissent depuis le XIXe siècle. Cette question du maintien de ce rythme de développement se pose à fortiori au vu de la tendance planétaire de part et d’autre, au productivisme agricole et industriel dans certains pays développés et d’une croissance exponentielle de la population, avec transition démographique tardive voire inexistante dans certains pays en voie de développement.

Le cumul des crises oblige donc les États à penser le cadre et la méthode d’une transition écologique profonde, seule apte à garantir la bonne conservation des civilisations humaines, quitte à en repenser le développement selon des modalités différentes qu’actuellement. La coexistence de ces crises n’est que récente, et a priori davantage le fait de manifestations cataclysmiques affectant l’environnement et la société — événement de Tchernobyl ou de Fukushima, El Niño — que d’une réflexion préventive sur la soutenabilité du modèle actuel, malgré ses avantages économiques de court terme.

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