ÉDITORIAL — Avec Marine, protéger notre biodiversité

Chacun le sait, la biodiversité représente tout ce qui vit sur Terre. C’est le fruit de quatre milliards d’années d’évolution, façonnés par des procédés naturels. C’est, à l’image des différentes couches qui enveloppent notre planète — atmosphère, mésosphère, lithosphère — un ensemble à part entière, cette mince et fragile pellicule que l’on appelle biosphère : la sphère du Vivant.

La France jouit d’une biodiversité très riche. Notre pays a la chance et la responsabilité de bénéficier d’un territoire fragile, unique et précieux. Au-delà de ses dimensions hexagonales, et de l’horizon européen forcé auquel l’astreint l’Union, l’archipel français, avec le deuxième domaine maritime au monde, de l’ordre de douze millions de kilomètres carrés, et des terres disséminées dans les quatre océans et sur les cinq continents, figure parmi les premiers foyers de biodiversité de la planète. Excroissance de notre outremer, ce potentiel français est mal connu de nos concitoyens. Pire, il est relativisé par nos pouvoirs publics, voire méprisé : en témoigne la tentative, en janvier dernier, de passage en co-souveraineté, aux côtés de la République mauritienne, de Tromelin, pourtant territoire français à part entière, donnant droit comme les autres à sa propre zone économique exclusive (ZEE).

Cette biodiversité est fragile. Ces dernières décennies, compte tenu de l’industrialisation croissante des États, des dérèglements du climat et d’un niveau inégalé de croissance démographique, la biodiversité des différents écosystèmes est de plus en plus influencée par l’espèce humaine. Jusqu’à présent, plus d’un million sept cents mille espèce a été identifié, mais les estimations des scientifiques tablent sur la potentielle existence de onze millions d’autres espèces, encore inconnues.

Les acteurs publics doivent donc mettre un point d’honneur à préserver, autant qu’il leur est possible, l’intégrité et la pérennité du Vivant, tout comme sa diversité, c’est-à-dire, au sens littéral, la biodiversité. Durant son mandat, à partir de mai prochain, Marine Le Pen s’y engagera. En janvier dernier, elle précisait d’ailleurs à Paris, dans une conférence présidentielle intitulée « La France durable », son attachement indéfectible à la préservation de notre biodiversité.

Il faut préserver la biodiversité car, tout d’abord, celle-ci est essentielle à la survie de l’homme. Et même s’il ne s’agit pas de la raison principale qui doit guider notre pays et notre espèce dans ses efforts, sans quoi, notre démarche serait anthropocentrée, ce critère demeure un puissant levier de mobilisation. Oui, pour que l’Humanité, et donc la France, demeure dans le XXIe siècle, préserver la biodiversité est indispensable. Pour qu’une France durable demeure dans le siècle, aux côtés des immenses efforts de transition écologique et énergétique qu’elle doit consentir, elle doit massivement agir au bénéfice de la biodiversité. Celle-ci, à l’avenir, devra être mieux protégée qu’elle ne l’a été, ces dernières décennies, compte tenu de politiques publiques environnementales sans vision de long-terme, ni de ce qui constitue, au fond, au côté des intérêts stratégiques de la France, l’intérêt général humain, c’est-à-dire celui commun à toutes les nations et toutes les civilisations. Car, patriotes, nous considérons avec réalisme, certes mâtinée de l’orgueil français, mais surtout la conscience de la vocation historiquement universelle de notre pays, qu’il ne peut y avoir d’Humanité durable sans une France durable, qu’en somme, la France est un besoin des hommes.

Jusqu’au XIXe siècle, l’homme pensait que la biodiversité était inépuisable, et notre planète, infinie. Le XXe siècle a partiellement achevé cette conception des choses, par la conquête complète de notre planète et l’exploration du pôle antarctique, sans toutefois que nos civilisations, parvenues à l’âge industriel, n’envisagent encore la diversité du Vivant comme quelque chose de fragile, dont l’exploitation entamait une pente excessive.

Le XXIe siècle doit totalement entamer cette conception des choses : il devra aboutir à ce que l’ensemble des civilisations humaines — et la française au premier chef — conçoivent de leur initiative la Terre et le Vivant dans leur fragilité objective, et à ce titre, ne prélèvent pas plus de ressources énergétiques et vivantes que nos milieux ne peuvent reconstituer. Cette conception à l’initiative des États ne peut être le fruit, par le haut, du cadre contraignant et souvent contre-productif d’une écologie planétaire. Elle ne peut davantage, par le bas, être le fruit des pressions d’organisations non gouvernementales. Le juste équilibre doit être celui du double-cadre, d’une part, de synergies rationnelles et limitées, d’autre part, de la primeur donnée aux États comme décisionnaires principaux des politiques environnementales s’appliquant sur leurs territoires respectifs. C’est en tout cas le chemin que prendra la France de Marine Le Pen.

La biodiversité nous nourrit, par l’agriculture et par la pêche.

À elle seule, la pêche représente annuellement cent millions de tonnes de nourriture au niveau mondial. Marine Le Pen sait toute l’importance de la pêche, et en fait d’ailleurs l’un des axes centraux de sa politique de croissance bleue. Présidente, elle enclenchera une maritimisation accrue de l’économie française, afin de mieux valoriser les ressources côtières, marines et océaniques, notamment, s’agissant du Vivant, la culture d’algues. Cette maritimisation permettra aussi à la France de s’assurer que, dans l’ensemble de ses ZEE, la surpêche ne vienne pas compromettre les intérêts des générations à venir. En concertation avec les organismes de pêche, le Gouvernement demandera à ce que les quantités de ressources prélevées et les méthodes de prélèvement soient compatibles avec la reconstitution des stocks de chaque espèce de poisson et d’algue.

Quant à l’agriculture, nul besoin de présenter son importance pour l’Humanité, ni pour la France, deuxième puissance agricole derrière les États-Unis, et première d’Europe. Mais cette puissance posée en principe ne se suffit pas à elle-même. Notre politique agricole, dépendante de l’échelon européen, et, incidemment, de l’Allemagne, n’est pas la bonne. Ainsi, notre biodiversité alimentaire ne pourra être restaurée que par une renationalisation de notre politique agricole — une politique agricole française succédant à la politique agricole commune — subséquente à la sortie de la France de l’Union européenne. Mais encore, il faudra aussi envisager des techniques agro-sylvo-pastorales plus respectueuses de l’environnement, et protectrices des sols et des terroirs, comme la permaculture et l’aquaculture. Cette refonte de notre modèle agricole devra s’accompagner à la fois d’une libération du commerce des semences anciennes et d’une interdiction des organismes génétiquement modifiés, alimentation animale y compris, au service de la biodiversité alimentaire et de la sécurité sanitaire des Français.

La biodiversité nous fait vivre, ne serait-ce que par la production d’oxygène, dont les algues, parmi les plus anciens représentants de la biodiversité, ont la plus grande part, le stockage de carbone, ainsi que l’absorption et la rediffusion d’eau par les forêts, durant les périodes pluvieuses et sèches.

ATLANTIQUE MER D IROISE CHAMP D ALGUES BRUNES LAMINAIRES LAMINARIA DIGITATA TANGLE SEAWEED FIELD

Bien au-delà, la biodiversité nous aide au quotidien, pour la construction d’habitations, de meubles, d’outillages. Elle nous soigne, car plus de soixante-dix mille espèces végétales sont utilisées en tant que médicaments. Ainsi, plus de la moitié des médicaments proviennent de substances naturelles, issues de ces espèces. De même, la biodiversité nous habille, par les textiles… L’ensemble de ces usages montrent son caractère essentiel à la survie de l’homme, et des autres espèces en général.

Ainsi, naturellement, la biodiversité accomplit de grands et innombrables services écologiques, dont l’homme n’est que rarement conscient. Il n’en reste pas moins qu’une partie de ces services est irremplaçable, même en cas de saut technologique majeur.

Les modes de consommations propres aux pays développés, dont la France, constituent la première cause de l’érosion sans précédent de notre biodiversité. La disparition de plus en plus rapide des espèces, estimée à cinq mille fois supérieure au taux naturel d’extinction, doit collectivement nous faire réfléchir, et agir. Il faut noter que cette nouvelle extinction de masse, comparable en intensité à celle qu’a périodiquement connu notre planète durant son histoire géologique, ces cinq cents derniers millions d’années, avec d’ailleurs généralement des pics sans précédents au sein des écosystèmes océaniques, durant le Crétacé, le Permien ou l’Ordovicien, concerne à ce jour un huitième des oiseaux, un quart des mammifères, un tiers des amphibiens, deux tiers des plantes. Ce seul phénomène massif d’extinction a justifié qu’en août dernier, au Cap, le Congrès international de géologie, définissant la stratigraphie des différentes ères, en établisse une nouvelle, l’Anthropocène. c’est-à-dire l’anthropos kaïnos : l’ère de l’homme, en grec. Cette analyse du Congrès de géologie, Marine Le Pen l’a évidemment suivi. Signalons-le, car les idées reçues sur le refus du réel par notre candidate et notre formation sur les questions environnementales, ont encore la vie dure. Ainsi, Marine Le Pen a-t-elle reconnue la validé de l’ère anthropocène, dans toute sa gravité, rappelant à ce titre avec justesse que « ce sont les activités humaines — énergies carbonées, agrochimie, concentrations urbaines, manipulation du Vivant, destruction de la diversité animale et végétale, industries et transports — qui déterminent l’évolution de notre planète, du climat à la diversité des espèces, des sols aux océans. ».

Conséquemment, Marine insiste sur le fait que « ce nouvel âge redéfinit la mission du Gouvernement et de l’État. ». Notre candidate met les Français en garde contre le modèle actuel de croissance économique, soutenant à raison que la mesure de celle-ci ignorant « la destruction des ressources et [survalorisant] les flux de biens, de services et d’argent, ne peut être juge d’une action politique qui doit d’abord garantir aux Français l’essentiel, c’est-à-dire la santé et la sécurité. »

En France même, ce mécanisme d’extinction est plus que jamais visible. Ainsi, il ne reste à ce jour que quelques dizaines de loups et d’ours. La tortue de Hermann est gravement menacée. Quant au bouquetin des Pyrénées, il n’existe plus dans notre pays depuis 2000. Face à ces phénomènes d’extinctions, la convention de Berne est un bouclier. Mais il n’est pas suffisant… Et comme le rappelait il y a quelques années la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme (FNH), « ce qui est détruit l’est pour toujours, mais ce qui est en danger peut encore être sauvé ». La France doit donc s’attacher, de manière volontariste, à sauver ce qui peut l’être, pour son bien propre et celui du monde.

Élue présidente, Marine Le Pen confirmera l’attachement de notre pays à ce que soit respectée la Convention des Nations unies sur la diversité biologique. Son objet de promotion et de protection de la biodiversité en tant que source de biens et de services essentiels à la vie est parfaitement en adéquation avec la propre vision de Marine Le Pen sur la nécessité d’une France durable, écologiquement responsable vis-à-vis de ses milieux métropolitains et ultramarins.

Unie dans des synergies rationnelles et limités avec des États partageant au plus près ses niveaux économique et démographique, sa langue, voire des liens culturels, la France peut contribuer à affirmer la biodiversité, en choisissant des modes de vie et des énergies durables. Dans le même temps, une éducation à la biodiversité peut aider à comprendre, dès le plus jeune âge de nos enfants, comment nos actions individuelles, aussi insignifiantes soient-elles — en apparence — peuvent avoir des conséquences globales, par exemple, s’agissant de notre consommation d’eau. À cet égard, le bilan de la Décennie des Nations unies pour l’éducation en vue du développement durable, établi en 2014, est à la fois positif, par rapport à ce qui se pratiquait avant à l’échelle des États, mais toutefois perfectible.

Enfin, les acteurs publics et les citoyens doivent être mieux sensibilisés au fait que la biodiversité, au fond, par l’interdépendance de ses membres, représente une véritable toile de la vie, un réseau malgré lui, et non une « liste » d’espèces animales et végétales. Ainsi, lorsque une espèce disparaît, plusieurs autres peuvent disparaître en conséquence. Chacun sait, par exemple, sous les tropiques, les récifs coralliens servent d’abris naturels à une multitude d’espèces de poissons, et, en atténuant les vagues, préservent les côtes de l’érosion, et donc, quantité d’habitations humaines d’une destruction certaine. Ainsi, la destruction des récifs coralliens — pudiquement appelée « blanchissement » — à commencer par le Grand récif australien, a mécaniquement comme conséquence, non seulement l’extinction massive de poissons tropicaux, mais encore l’érosion anormale des littoraux. Ces exemples peuvent paraître lointains. Mais cette interdépendance existe partout sur la planète, ce que chaque Français peut comprendre, s’il songe par exemple que la pollinisation des plantes à fleurs dépend largement des abeilles, bourdons et papillons.

L’avenir des générations françaises et humaines futures dépend aussi de la protection  de la biodiversité. Ce simple constat est aujourd’hui fermement arrimé à l’esprit des patriotes sincères. Elle se traduira demain en acte par la mise en place de différents engagements présidentiels relatifs au Vivant : de la création d’un grand Ministère de l’Outre-mer et de Mer pour enclencher la maritimisation de notre économie à l’interdiction d’exploiter les gaz de schistes, en passant par la protection animale érigée en priorité de la Nation. Ces chantiers, vastes mais exaltants, Marine Le Pen les prendra en charge, pour remettre la France en ordre.

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