ÉDITORIAL — Olympe de Gouges au lycée ?


Chacun aura retenu du dernier ouvrage d’Éric Zemmour, Destin français, son étonnement devant la surexposition d’Olympe de Gouges dans les programmes actuels, à comparer à la sous-exposition des principales figures révolutionnaires, de Robespierre à Mirabeau, en passant par Danton. Or, Zemmour est plutôt dans le vrai. On préfère davantage pour l’instant — et on préférera encore dans les nouveaux programmes, dans le cadre d’une histoire thématique anachroniquement ouverte à des débats sociétaux des XXe et XXIe siècle, comme le féminisme — évoquer une personnalité similaire à Olympe de Gouges comme Manon Roland, figure marginale, que Marat ou Louis XVI, personnages centraux de la décennie révolutionnaire.

Ainsi, l’on évoquera Roland jusqu’au paradoxe même, témoin du peu de culture historique des décideurs du Conseil supérieur des programmes. Car quelle logique y aurait-il pour un corps enseignant sensément plutôt jacobin à magnifier de la sorte une figure du girondinisme, tout en passant le jacobinisme et ses acteurs sous un voile pudique ? Il n’y a aucune logique, sauf, précisément, à mal connaître (ou ne pas connaître) ces notions ; en somme, faire constamment de l’idéologie sans paradoxalement savoir correctement se référer aux idéologies.

C’est précisément cette approche idéologique qui nuit à l’enseignement de l’Histoire en France. Que l’on en revienne à une histoire événementielle, ciment d’un récit national qui ne soit plus encombré ni de faits micro-historiques, ni d’analyses sociétales anachroniques, ni de jugements de valeurs. Or, c’est précisément ce à quoi concourt l’excessive présence de Gouges et de Roland dans les manuels : introduire dans la Révolution un féminisme qui n’existe pas, en faisant de la marge une généralité.

Mettre Olympe de Gouges au lycée ? Ce n’est pas sa place !

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